22 août 2022
Paroi de la falaise avec des blocs qui se découpent
Cerema
Les risques rocheux, et plus largement les risques naturels, sont l’une des compétences majeures du Cerema, sollicité par des gestionnaires d’infrastructures de transport aussi bien nationales que territoriales. Suivi d’aléas, interventions d’urgence, préconisation et suivi de travaux de sécurisation ou de renforcement, les modalités d’intervention possibles sont multiples : Retour sur deux interventions récentes du Cerema.

Axes structurants et fréquentés, les routes nationales constituent des enjeux sensibles au regard du risque rocheux. Le Cerema accompagne régulièrement les gestionnaires pour leur apporter son expertise du domaine, en particulier dans les situations de risque à court terme où la réactivité est essentielle.

Certaines interventions peuvent découler d’un suivi régulier mettant en évidence une évolution inquiétante, comme sur la RN90 entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice (73) ; d’autres font suite à un évènement (éboulement) constaté par le gestionnaire, comme celle sur la RN82 entre Roanne et Balbigny (42).

 

RN90 entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice : Suivi, détection et traitement d’un risque à court terme

vue aérienne de la falaise avec les infrastructures et habitations
Vue aérienne du site - Cerema

Le Cerema Centre Est suit depuis de nombreuses années des compartiments rocheux à risque autour de la RN90, pour lesquels les parades passives existantes (écrans de filets) pourraient voir leur capacité ponctuellement dépassée. Sur le site du "Champ du Comte", ce suivi a révélé une accélération des mouvements pour l’un d’eux, d’un volume de près de 500 m³, laissant présager une rupture proche. Ce risque a été traité grâce à une intervention rapide malgré de nombreuses contraintes.

En aval du compartiment rocheux instable se trouvent un viaduc supportant la RN90, accès essentiel pour les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, une route départementale, une voie ferrée, une voie communale, un groupe scolaire et des habitations.
Il s’agissait donc d’intervenir rapidement pour sécuriser cette zone sensible.

L’étude des protections existantes, notamment par trajectographie, a révélé qu’elles pourraient s’avérer insuffisantes en cas d’éboulement en masse du compartiment instable. D’autres parades ont donc été recherchées. La forme du site contraignant fortement la mise en place de parades passives complémentaires, des parades actives ont été envisagées. Le volume et les caractéristiques géomécaniques du compartiment, extrêmement fracturé, excluaient les solutions comme la mise en place d’ancrages ou le minage en masse.

 

Déconstruction d'un compartiment rocheux

Dès lors, la déconstruction présentait des avantages permettant de réduire le risque à court terme : cette solution proposée par le Cerema a finalement été retenue par le gestionnaire maître d’ouvrage (DIR). 

La déconstruction d’un compartiment rocheux aussi volumineux était délicate à appréhender car peu courante. En outre, les enjeux en aval, et notamment la présence d’une école, imposaient un calendrier contraint, hors période scolaire.

Le Cerema, conjointement avec l’entreprise NGE, a finalement proposé la déconstruction du compartiment, en recourant principalement à de la purge manuelle associée à des microminages ponctuels. Les travaux ont été suivis pour proposer des solutions techniques adaptées malgré le caractère exceptionnel d’un tel chantier.

Au total, 150 à 200 m³ ont été purgés manuellement et 200 à 250 m³ ont été minés, pour une durée de travaux d’un mois, suite à une préparation de moins de deux mois. Le risque a pu être éliminé avant la rentrée scolaire.

 

RN82 – Vendranges : expertise en urgence entre Noël et le jour de l’An suite à un éboulement

Dans la nuit du 26 au 27 décembre 2021 s’est produit un éboulement sur la RN82 à hauteur de Vendranges. D’un volume de plusieurs dizaines de m³ (probablement 200 à 250 m³), l’éboulis a dépassé la capacité du piège à cailloux mis en place et certains blocs sont parvenus jusqu’à la route, endommageant au passage la glissière de sécurité en béton armé (GBA).

Pour assister la DIR Centre-Est, des géologues-géotechniciens du groupe Risques Naturels sont intervenus en période de congés afin d’expertiser l’éboulement, d’évaluer les risques résiduels, et de proposer, si nécessaire, des travaux de sécurisation des abords immédiats.

 

Vue de la falaise, avec une partie qui a glissé en bas sur environ 10 de large
Reconnaissance de la cicatrice de l’éboulement par un agent du Cerema – RN82 (42). Crédits : Cerema

 

Après une rapide recherche documentaire, la cicatrice a été examinée sur site géométriquement et géologiquement par les cordistes du Cerema. L’éboulement s’est avéré être issu d’un glissement de dièdre rocheux le long de discontinuités pré-existantes. En parallèle, les compartiments résiduels ont pu être identifiés et le risque correspondant (volume, probabilité et délai d’occurrence) quantifié.

Le jour même de l’intervention, le gestionnaire a ainsi pu bénéficier d’un premier diagnostic, rassurant sur les risques d’extension des ruptures vers des compartiments voisins, et permettant d’envisager rapidement une purge des matériaux éboulés avec une simple immobilisation de voie lente. In fine, le travaux ont pu être réduits à la simple purge du piège à cailloux, les compartiments à risque à court terme ne dépassant plus la capacité limite de la parade en place.


 

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