8 février 2024
Route départementale de Haute Vienne
Arnaud Bouissou - TERRA
Optimisation de la réduction de la vulnérabilité routière des réseaux départementaux : une approche collaborative entre territoires pour construire une méthode.

59 % des tués sur la route en France métropolitaine le sont sur des routes gérées par les départements (hors territoire des 21 métropoles urbaines et de la ville de Paris) alors que les routes départementales ne représentent que 34 % du linéaire de réseau routier[1]. C’est donc sur ce réseau que se concentrent les principaux enjeux de sécurité routière interurbains aujourd’hui.

 

Une méthodologie construite avec des départements

Pour y répondre, chaque département prend des mesures de sécurité routière adaptées. Cependant, ces actions sont souvent entreprises sans une hiérarchisation objective de leurs réalisations et de leurs gains, entraînant dans une certaine mesure une moindre optimisation des investissements engagés sur le sujet.

Pour les accompagner dans l’amélioration de cette politique, le Cerema a engagé une collaboration avec quatre départements adhérents à l’établissement public. 

 

L’objectif était d’élaborer de concert une méthodologie d'identification des itinéraires pour lesquels les gains potentiels de sécurité routière seront les plus significatifs suite à des investissements sur l’infrastructure.

 

Un appel à partenaires a ainsi été lancé en 2022 et le Cerema a travaillé sur huit mois avec les quatre lauréats : les conseils départementaux de la Côte-d'Or, de la Drôme, du Doubs et du Jura.

Ce partenariat a impliqué à la fois un accompagnement personnalisé du Cerema pour chaque département, et des échanges collectifs notamment pour évoquer les avancées réalisées par chaque collectivité, les questions méthodologiques…

Cette initiative, visant à faciliter l'échange entre territoires, a permis l’émergence d’une dynamique collaborative, propice à la confrontation et au partage de regards diversifiés. Cet échange s'est aussi inscrit dans un processus d'accompagnement itératif, qui permet une montée en compétence continue des collectivités, nourris par les expériences partagées et les enseignements mutuels.

Le Cerema a pu apporter dans ce cadre son expertise sur les diagnostics d’itinéraires en termes de sécurité routière sur le réseau national. Il a ainsi pu participer à la co-construction de la méthode de diagnostic sur voirie départementale en vue de produire de nouvelles recommandations sur ce sujet.

Méthodologiquement, l'objectif du travail mené a consisté à produire une liste de sections à gains en sécurité routière.

La méthode proposée s'inspire de la démarche SURE (Sécurité des Usagers sur les Routes Existantes) mise en œuvre sur le réseau routier national, démarche qui consiste à obtenir des éléments objectifs pour hiérarchiser des sections de routes.

La démarche intègre les données d’accidentalité, de trafic et de typologie de la route pour identifier les itinéraires où l’accidentalité est à la fois élevée et « anormale », offrant ainsi les meilleures chances d’apporter un gain de sécurité.

 

Une démarche en 7 étapes 

Face à l’hétérogénéité des réseaux départementaux, il est aujourd’hui proposé une démarche en sept étapes :

 Figure1: illustration du sectionnement du réseau routier départemental de la Drome – source : département de la Drome
  1. Sectionnement du réseau
  2. Recueil des données d'accidents
  3. Photographie du réseau
  4. Définition du réseau étudié
  5. Calcul des indicateurs de sécurité
  6. Définition d’un indicateur de référence locale
  7. Hiérarchisation des sections

Une attention particulière doit être accordée aux étapes 4 et 6, cruciales pour la mise en œuvre de cette méthode de hiérarchisation des réseaux routiers départementaux. 

La définition du réseau étudié dépend de l’objectif voulu (définition d’une hiérarchisation de réseau ou d’un observatoire mis à jour régulièrement de l’accidentalité) et des données disponibles en matière de données de trafics routiers. La définition d’un indicateur de référence locale est à définir selon les politiques d’entretien et d’exploitation (principale, secondaire…), les valeurs de références établies sur le réseau routier national n’étant pas adaptées à ce type de réseau.

Le travail peut être réalisé en une dizaine de jours par une collectivité disposant de bases de données exploitables en matière d’accidentalité, de trafic et d'autres données complémentaires. L’utilisation d’un Système d’Information Géographique (SIG) est recommandée pour un traitement plus rapide et homogène des données de comptage et d'accidentalité.

Cette liste de sections à gains en sécurité routière permet ainsi à la collectivité de prioriser les actions, à mener et donc ses investissements afin d’améliorer la sécurité sur les routes.

 

Le rapport d'étude sur CeremaDoc :

 

Verbatims

Travail riche et nécessitant un fort investissement mais permettant de progresser dans ses connaissances sur l’accidentalité routière et de partager de l’expérience sur le sujet avec d’autres gestionnaires routiers
Mathieu LINIGER, conseil départemental du Doubs / Direction des routes des infrastructures et des transports
Dans un contexte de raréfaction des ressources des collectivités, comment renouveler sa politique de sécurité routière et gagner en efficience pour les améliorations apportées à un réseau routier ?
Cédric MEJEAN, conseil départemental de la Drôme / Direction des Déplacements