4 novembre 2021
Crapaud vert vue de face
Adobestock
Afin de compléter les connaissances sur les déplacements des amphibiens sur terre, après la période de reproduction, le Cerema et l'association BUFO spécialisée dans l'étude des amphibiens en Alsace mènent une étude télémétrique sur l'habitat terrestre des crapauds verts, une espèce considérée comme en danger. Une vingtaine d'individus a été équipée d'émetteurs et suivie durant un été.

 Où trouve-t-on les amphibiens suite à la période de reproduction ? A quoi ressemblent leur gîtes estivaux et hivernaux ? Ces questions se posent lors de l’étude de ces espèces menacées. Si elles sont davantage étudiées dans leur milieu aquatique, leur vie sur terre après leur période de reproduction est encore très méconnue. Le déficit de connaissance au niveau de l’habitat terrestre des amphibiens, et particulièrement des crapauds verts, est un frein à la préservation de l’espèce. 

 

Mieux connaître l'habitat du crapaud vert

Crapaud vert de nuit sur un caillouDepuis 2020, le Cerema et l’association BUFO qui étudie les Amphibiens et Reptiles d’Alsace ont répondu à une demande d’accompagnement émanant de la DREAL Grand-Est pour mener une large étude télémétrique autour de l’habitat terrestre des crapauds verts dont on trouve encore d'importantes populations en Moselle, notamment sur le site d’une ancienne mine de charbon, la Houve 2.

Le crapaud vert est une espèce d’amphibien eurasiatique, que l’on retrouve en limite de répartition occidentale en France, notamment dans la région Grand-Est, proche des villes de Mulhouse et de Strasbourg. Cette région connaît une pression foncière très importante ce qui a un impact considérable sur les lieux de vie du crapaud vert. Les conséquences sur l’espèce sont telles qu’elle a été placée dans le Grand-Est sur liste rouge, c'est-à-dire en danger, et dispose d’un statut de protection élevé en métropole puisqu'elle fait l'objet d’un Plan d’action national.

Le Cerema étudie cette espèce et ses espaces de vie afin d’apporter une connaissance suffisante, nécessaire en vue de concilier l’ensemble des projets d’aménagement et sa préservation

 

Une expérimentation en plusieurs temps

Été comme hiver, les équipes du Cerema et de l’association BUFO ont réalisé une étude en plusieurs temps au niveau des sols, du paysage de la région Grand-Est et des habitats terrestres des crapauds verts.

 

En 2020, l’étude à l’échelle du paysage

Avant l’étude de terrain et toute expérimentation auprès des individus, l’important était de connaître l’environnement dans lequel ils évoluent. L’année 2020 a donc été consacrée à l’élaboration de la typologie d’habitats favorables pour l’espèce dans la Région Grand-Est.

Les équipes ont identifié l’influence des variables environnementales sur la présence ou non des crapauds verts. Cette étude préalable du terrain a permis de sélectionner le site idéal à la poursuite de l’étude : la Houve 2, proche de la ville de Creutzwald en Moselle.

 

2021 : l’année de l’étude locale et la mise en place de la télémétrie

Grâce à l’étude globale du terrain en 2020, 2021 a été l’année de l’expérimentation à l’échelle locale avec pour but de mieux comprendre la distribution spatiale des crapauds verts. L’étude s’est déroulée dans un contexte représentatif de l’aire de présence des crapauds verts, avec un type de paysage fréquent dans la région : les anciens carreaux miniers.

Le site de la Houve est une ancienne mine de charbon, la dernière en France ayant fermé en 2004. C’est un site d’une centaine d’hectares en milieu ouvert, un terril encerclé de forêts et qui présente de nombreux points d’eau (mares peu profondes, favorables pour la reproduction des crapauds verts), et qui représente un site "idéal" pour le crapaud vert.

 

Point d'eau sur le site de la Houve 2
Point d'eau sur le site de la Houve 2

 

Pour la suite de l’étude, un protocole de télémétrie a été mis en place, afin de pouvoir suivre les individus dans leur milieu de vie naturel.

Il s’agit d’un protocole de terrain durant lequel des émetteurs à haute fréquence VHF sont posés sur les crapauds. Ces émetteurs, pesant moins de 5% du poids des individus adultes (entre 20 à 50g), sont reliés à une antenne active et à un récepteur qui permettent de suivre les individus lors de leurs déplacements. Pour la bonne réussite de ce protocole et la pertinence des statistiques, il est essentiel de disposer d’un échantillon raisonnable d’individus assurant une représentativité de l’espèce en milieu terrestre.

Dans le cadre de cette étude, une vingtaine d’individus a été équipée et suivie tout l’été, à raison de deux sorties de nuit par semaine (le crapaud vert étant un animal quasi-nocturne). C’est à partir de la dizaine d’individus ayant conservé leur émetteur sur plusieurs semaines qu’il a été possible de définir le domaine vital et les distances de déplacement aux sites aquatiques de reproduction du crapaud vert sur ce site de la Houve. Ce travail a permis d'observer des préférences en termes de groupements de végétation et de micro-habitat pour chasser, se protéger de la chaleur et des prédateurs.

Les gîtes estivaux préférés par le crapaud vert sont caractérisés par de faibles pentes, par la présence de substrats sableux ou artificiels inscrits dans un milieu ouvert ou comportant une strate végétale non ligneuse peu dense.

 

Et après, en 2022 ?

En 2022, le projet d’étude, après une réplication du suivi télémétrique sur un carreau minier en Alsace, prend un nouveau tournant avec le travail du message auprès des aménageurs et porteurs de projet. L’objectif de l’année à venir est de compiler l’ensemble des connaissances acquises durant ces expérimentations de terrain, sur l’habitat en milieu terrestre du crapaud, de travailler le message, préconiser les mesures à mettre en place pour protéger l’espèce.