26 septembre 2017
Passage à faune en bois et béton surplombant une autoroute
En Haute-Saône, un passage à faune innovant a été construit au printemps 2017 : fabriqué en bois lamellé avec une dalle de béton qui protège les poutres, c’est un prototype dont les caractéristiques seront suivies dans le temps par le Cerema, grâce à des capteurs et des sondes posés sur et dans la structure.

Des structures en bois local économiquement viables

Depuis une dizaine d’années, le Cerema et des partenaires (Ifsttar, Ecole Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois d’Epinal) ont monté un projet pour développer des ouvrages innovants en bois. Il s’agit d’une ressource disponible en France, renouvelable, qui stocke le CO2 et qui rentre dans les critères du développement durable.

L’équipe a réfléchi à l’élaboration d’un pont type, réalisable par des entreprises locales, et construit de façon significative avec du bois. L’idée était de démontrer la faisabilité d’un tel ouvrage, et de proposer aux collectivités un modèle de pont en bois, à la fois robuste et viable économiquement. Par ailleurs, ce projet contribue à promouvoir des essences de bois locales, comme le Douglas, qui est ici issu des forêts du Morvan. En plus d’être une essence locale, ce bois a l’avantage d’avoir une importante durabilité sans devoir subir de traitement chimique.

Vue des poutres en bois du passage faune PS12 de la RN19
Vue des poutres en bois du passage faune PS12 de la RN19 - Cerema

Pour pouvoir réaliser un tel ouvrage, les spécialistes ont observé ce qui se fait à l’étranger, notamment dans des pays comme la Suède ou la Suisse, où on a recours depuis longtemps aux ouvrages d’art en bois.

C’est ainsi que le pont PS12 de la RN19 de Bouhans-lès-Lure, un passage à faune construit en bois lamellé avec un tablier en béton, a été conçu et fabriqué. La maîtrise d’ouvrage était assurée par la Direction Régionale de l’Environnement et de l’Aménagement Bourgogne - Franche Comté et la maîtrise d’œuvre par la Direction Interdépartementale des Routes Est. La construction a été conduite par les entreprises Eiffage et Arbonis. L’instrumentation du pont a été posée par l’Université d’Eygletons.Le Cerema, qui a élaboré le projet technique du pont,a réalisé le contrôle extérieur des travaux et des études d’exécution.

Le comportement de la structure suivi par le Cerema

Des sondes et des capteurs ont été installés sur les poutres, afin de suivre le comportement du bois durant cinq à dix ans. Des paramètres tels que le taux d’humidité du bois, qui a un impact sur le vieillissement de la structure, ou la déformation des nervures, seront ainsi observés.

L’analyse de ces données viendra abonder les travaux méthodologiques en cours au Cerema qui devront prochainement voir la parution de deux guides pratiques, portant sur la conception et sur la justification d’ouvrages mixtes bois-béton. Ceux-ci seront amenés à évoluer en fonction des nouveaux éléments issus du suivi de l’ouvrage de Bouhans-lès-Lure. L’objectif est de standardiser ce type d’ouvrage afin de le rendre plus accessible, notamment aux collectivités.

Parallèlement à ce projet de passage à faune en bois, le Cerema est intervenu dans d’autres projets de ponts mixtes en bois et béton, à Nice et à Chambéry.

Détail de l'appui des poutres au droit des culées

Détail de l’appui des poutres au droit des culées - Cerema

Présence dans des conférences internationales

Aujourd’hui, les spécialistes français en matière de construction de ponts en bois prennent pied sur la scène internationale. Le Cerema [1] est ainsi intervenu lors d’un colloque en Suède en juin 2017, afin de présenter les réflexions menées sur la conception des ponts mixtes bois – béton et le retour d’expérience des trois ouvrages construits en France.