7 avril 2023
Route expérimentale
Partenaire du salon Drive to Zero consacré aux solutions pour entretenir, repenser et transformer les routes en intégrant les objectifs de neutralité carbone et de durabilité, le Cerema est un acteur-clé de la gestion des infrastructures et des mobilités.
Son directeur général, Pascal Berteaud, est intervenu lors de la table-ronde "Comment repenser, reconstruire et entretenir les routes de demain ?". A cette occasion, Pascal Berteaud revient dans une interview sur les enjeux et, les leviers d’action pour réduire concrètement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et le positionnement du Cerema auprès des acteurs publics et privés des territoires.

logo drive to zeroLe premier Salon Drive to Zero se tient du 5 au 7 avril à Paris, et s'articule autour de 6 grandes thématiques sur lesquelles le Cerema est présent :

  • Construire l'avenir,
  • Infrastructures adaptées, 
  • Alimenter la mobilité décarbonée
  • Produire autrement
  • Décarboner la mobilité lourde
  • Accompagner la transition

 

Bonjour Pascal Berteaud. Aujourd’hui, comme le montre le salon Drive to Zero, la priorité est de réduire fortement nos émissions de gaz à effet de serre : comment les acteurs de la route et des mobilités peuvent-ils agir ?

Pascal berteaudLe secteur des transports, qui est essentiel pour la vie des territoires avec un réseau très dense en France, connaît une augmentation régulière de ses émissions de gaz à effet de serre : il est donc particulièrement concerné par les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Face à cet enjeu majeur, il n’existe pas de solution unique.

Il faut agir à la fois sur la construction des routes avec notamment le développement de l’économie circulaire, sur leurs techniques d’entretien, sur l'adaptation aux nouveaux usages, et sur les mobilités en développant des services alternatifs à la voiture individuelle, les routes électriques, la logistique durable, etc. Et le tout dans un contexte où le changement climatique impacte fortement le réseau routier : phénomène dit de ressuage qui détériore plus rapidement nos routes, retrait-gonflement des argiles, évènements extrêmes plus fréquents notamment. 

Les collectivités gestionnaires ont un grand rôle à jouer dans la décarbonation des transports et l’anticipation des effets du changement climatique qu’elles soient maître d’ouvrage de nouvelles infrastructures, gestionnaires d’un réseau existant ou organisatrices de services de mobilités de leur territoire. Anticiper l’ensemble de ces enjeux est essentiel pour le climat, mais aussi pour les finances des collectivités.

C’est parce que l’essentiel des infrastructures de transport et des services de mobilité sont de la compétence des collectivités que le Cerema leur a récemment ouvert sa gouvernance avec la possibilité d’adhérer. Plus de 630 collectivités nous ont d’ores et déjà rejoint pour travailler ensemble à ce grand défis du changement climatique.

 

Sur le plan de la réduction des émissions dans le domaine routier, quelles actions mène le Cerema ?

Les  solutions et accompagnements proposés par le Cerema concernent toute la chaîne des mobilités : des infrastructures aux usages, jusqu’au lien avec l’aménagement des territoires ; qu’il s’agisse d’expertise sur des priorités portées par l’Etat ou de projets de collectivités partout en France, d’innovations en partenariat avec des entreprises et start-ups, de recherche partenariale ou encore de capitalisation de connaissances mises à disposition de tous. 

Le Cerema est présent dans les domaines des infrastructures et des mobilités, pour accompagner les collectivités dans la mise en œuvre des politiques publiques, et aussi auprès de l’Etat en tant qu’expert. Auprès des acteurs économiques, il accompagne l’innovation et apporte des outils méthodologiques.

 

réparation d'un joint de chaussée

 

L’économie circulaire dans le domaine du BTP est par exemple l’ un de nos axes de travail : nous développons des méthodologies pour recycler les matériaux et évaluer leur acceptabilité environnementale, pour identifier leurs domaines d’emploi, nous accompagnons le développement de filières de recyclage des matériaux alternatifs… Avec le Label 2EC porté par le Cerema pour le compte du ministère de l’écologie, nous accompagnons les maîtres d’œuvre dans la gestion des déchets de chantier et l’économie des matières premières. Les changements dans les pratiques sont importants, et nous apportons des outils méthodologiques pour mettre en œuvre l’économie circulaire dans les projets routiers. 

Au-delà de l’aspect économie circulaire, l’enjeu est aussi d’augmenter la durée de vie des infrastructures par un entretien adapté. C’est la démarche de gestion intégrée des infrastructures portée par le Cerema, qui permet de hiérarchiser les interventions à mener à l’échelle d’un réseau et de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre, les impacts potentiels du changement climatique ainsi qu’une optimisation financière

Un autre volet important de l’action du Cerema est celui des mobilités : le Cerema apporte au niveau national et dans les territoires des éléments de compréhension des mobilités des marchandises et des personnes – ce sont notamment les données de trafic du réseau routier national et l’accompagnement des enquêtes ménages déplacements des collectivités. Et sur la base de ces éléments, le Cerema accompagne le déploiement de nouveaux services de mobilité alternative à la voiture thermique, en favorisant les modes actifs et partagés, les transports collectifs et en construisant un plan de mobilité adapté au contexte local.  C’est le sens du réseau "France mobilités".

Avec le programme InTerLUD, des chartes de logistique urbaine durable ont été élaborées dans plus de 40 territoires, par la concertation avec l’ensemble des acteurs et le développement d’écosystèmes locaux des acteurs de la logistique et du transport de marchandises. 

Pour le Cerema, il s’agit sur le long terme aussi de réfléchir aussi à l’articulation entre urbanisme et mobilités, pour penser l’aménagement de manière à maîtriser les trajets contraints avec des modes carbonés. 


 

Quelles sont les perspectives de travail sur ces sujets, pour le Cerema ?

Vous l’avez compris, le Cerema développe de nombreux outils et méthodes utiles pour la décarbonation à chaque étape de ce qui constitue la chaîne de transport. Notre objectif, c’est de proposer une approche globale de résilience des infrastructures de transport alliant décarbonation, adaptation aux effets du climat à court et à long terme, et pertinence financière pour les gestionnaires publics et privés.

Pour inventer les solutions de demain et innover, le Cerema s’appuie sur 3 écosystèmes essentiels au niveau national en sus de collaborations internationales notamment dans le cadre de projets financés par l’Union européenne. Le premier c’est notre Institut Carnot Clim’adapt qui développe une activité de recherche partenariale sur ces champs. Le second, c’est notre dispositif CeremaLab’ doté désormais d’un écosystème d’une trentaine de start-ups et PME innovantes en particulier dans la mobilité. Et enfin, le Comité Innovation Routes et Rues qui propose des appels à projets tournés vers les entreprises afin d’inventer la route de demain ; comité dont le Cerema est le gestionnaire opérationnel pour le compte du ministère en charge des transports. 

Cet écosystème est couplé à 4 de nos 12 équipes de recherche centrées sur des enjeux de mobilités et d’infrastructures résilientes et décarbonnées et qui préparent des solutions d’avenir avec l’ensemble de nos partenaires en France, à l’Europe et l’international.